Définition du dernier kilomètre
On ne va pas parler de running. Ni d’un film à catastrophe. Le dernier kilomètre signifie tout simplement la fin ou le début d’un voyage individuel réalisé en transports en commun. Concrètement, lorsque vous arrivez dans votre destination finale en train, en bus ou encore en avion (c’est la dernière fois hein, on vous a à l’oeil) et que vous devez vous rendre à votre hébergement ou au coeur de votre destination, la portion qu’il reste à faire sur place correspond à ce fameux « dernier kilomètre ».
Au quotidien, le fait qu’une gare soit mal desservie est un problème. Se rendre au travail en empruntant un train, un TER ou encore un bus jusqu’à la gare nécessite de faire ce dernier kilomètre à pied ou en louant un vélo en libre service.
Oui, ça complique le trajet mais il reste tout de même réalisable. Mais en vacances les choses se compliquent.
Les bagages à transporter, la non connaissance du territoire et l’envie pressante de détente rendent la réalisation du dernier kilomètre plus complexe. On passe d’un problème de confort à un réel problème de logistique, qui peut se transformer en obstacle pour le voyage en transports en commun.
Porte-il-vraiment bien son nom ?
La notion de « dernier kilomètre » est définie comme étant la dernière étape d’un déplacement, celle qui rend le trajet en transports en commun bien plus complexe que celui en voiture individuelle. Mais cette qualification de « dernier » kilomètre est remise en cause.
Finalement, lorsqu’on arrive à la gare de notre destination, n’est-ce pas le début de notre voyage ? Au lieu d’être le dernier kilomètre de notre trajet pour se rendre à la destination, n’est-il pas plutôt le premier kilomètre de notre voyage sur place ?
C’est pourquoi, on remet en cause la notion de dernier kilomètre. Pour nous, il s’agit en réalité du premier kilomètre réellement parcouru par l’utilisateur après avoir emprunté son moyen de transport en commun (train, avion, bus…) pour se rendre à sa destination.
Mais qu’importe son appellation, la problématique reste la même. La mauvaise gestion de ce dernier kilomètre, due au manque d’options satisfaisantes pour l’effectuer, est un problème à considérer.
Pourquoi il pose problème ?
« Pour qu’un trajet de 100 kilomètres fonctionne sans problème, il ne suffit pas que les 99 premiers kilomètres soient sans faille, surtout si le dernier kilomètre est une perte de temps frustrante. »*
La crainte ? Que l’utilisateur privilégie la voiture individuelle pour effectuer son trajet au lieu de s’orienter vers les transports en commun.
On ne vantera pas les mérites de la voiture, mais elle permet quand même de se rendre à son lieu d’hébergement de manière assez aisé. C’est à ce niveau là qu’il faut adapter la mobilité douce. Que ce soit un train, un bus, un TER… ce mode de transport ne nous conduira que rarement aux portes de notre camping ou de notre hébergement. On peut parler de véritable carence, de « vide touristique » (à l’instar du vide juridique) pour desservir cette portion d’un voyage effectué en mobilités douces.
Pour pallier ce manque, il faut des solutions. L’objectif ? Rendre l’espace public accessible aux voyageurs, considérés comme des habitants temporaires ayant des besoins différents afin de favoriser l’usage des mobilités douces, même en vacances.
Comment le faciliter ?
Entre solutions innovantes et détournement des moyens de transports traditionnels, nombreuses sont les réponses qu’on peut imaginer pour faciliter ce dernier (ou premier) kilomètre. Mais face aux nombreux échecs essuyés par les solutions qui se veulent innovantes, les modes de transports traditionnels ont dû s’adapter.
Les solutions innovantes insatisfaisantes
Une navette… est-ce vraiment innovant ? Oui. Encore plus si elle est autonome. C’est en tout cas ce qu’à proposé la station de Val-Thorens en 2019. Une navette autonome électrique qui pouvait transporter 300 skieurs en 30 jours. Ce mode de transport existait déjà dans les grandes villes, mais Val-Thorens a été la première à tester cette technologie dans une station de sports d’hiver. C’est grâce à l’ANMSM (Association Nationale des Maires de Stations de Montagne) et à la Commission Cimes Durables que cette solution a été testée en montagne.
À croire que 2019 a été l’année des expérimentations en termes de navettes autonomes, puisqu’à Lacanau, dans le Sud-Ouest de la France, la ville a elle aussi mis en place une navette littorale autonome et électrique. Le plus ? La navette était totalement gratuite pour les habitants et pour les touristes.
Mais cinq ans après, quand on fait des recherches sur ces modes de transport prometteurs, on se retrouve face à un mur. Ou plutôt, face au néant.
En 2019, ces expérimentations ont fait l’objet de plusieurs articles flatteurs mais depuis, plus de nouvelles. Bonnes nouvelles ? Non. Car ces mises en place se sont arrêtées au stade de l’expérimentation. Annoncées comme la prochaine révolution du transport, les navettes autonomes sont aujourd’hui plus connues pour les nombreux échecs dont elles ont étaient l’objet que pour leur réussite.
Bon, si ce n’est pas la navette autonome qui facilitera le dernier kilomètre, tournons-nous plutôt vers la voie des airs.
On a vu nombre de start-up se lancer dans le développement de prototype de «taxis volants». Autrement dit, des avions sans pilote, électriques et à décollage et atterrissage verticaux. L’agence de voyages en ligne kiwi.com s’était donné comme objectif de se saisir du problème du dernier kilomètre grâce à ce nouveau mode de transport. En investissant dans une start-up tchèque, Zari, l’objectif attendu était de proposer un drone pouvant transporter jusqu’à quatre passagers. La start-up française EVA (Electric Visionary Aircrafts) poursuivait le même objectif. Les nouveaux taxis du futur allaient régler les soucis liés au dernier kilomètre.
Mais quid de ces innovations en 2024 ? Et bien, pas grand chose. On a beau lever les yeux, on ne voit toujours pas de taxi volant.
Et pourtant, le sujet est au cœur de toutes les discussions liées aux Jeux Olympiques 2024 qui se tiendront à Paris cet été. L’expérimentation de taxis volants électriques pendant cette période et jusqu’à la fin de l’année 2024 a été acceptée par le ministère des Transports. Acceptée oui, mais pas totalement. Ces taxis volants devront se contenter de vols de démonstration pendant les JO. Et du côté de la mairie de Paris, ça grince… Pour elle, on parle “d’aberration écologique pour les ultras riches” et elle reste fermement opposée à ce projet. Elle a même engagé une procédure pour demander une suspension en urgence de l’arrêté autorisant l’expérimentation. On ne comptera donc pas sur cette promesse qui permettrait le transport rapide et abordable pour des voyageurs. Pas pour cet été 2024 en tout cas.
Exit donc la navette, qu’elle soit autonome ou volante, en tant que solution innovante pour solutionner ce fameux dernier kilomètre.
Le détournement des modes de transport traditionnels
Face à ces échecs, la réflexion s’est orientée vers le détournement des modes de transports traditionnels pour les adapter au dernier kilomètre.
On pense d’abord à ceux qu’on nomme les nouveaux acteurs de la mobilité, même s’ils n’ont plus grand chose de nouveau : les VTC tels que Uber. C’est le cas dans la ville de Nice qui a vu s’allier son réseau de transports en commun avec le géant américain. L’objectif ? Proposer un service de transport nocturne complémentaire pour accompagner les usagers sur les derniers kilomètres.
Les hébergements aussi, prennent parfois le problème à bras le corps. C’est le cas à Strasbourg où le camping Obernai propose un transport public permettant de relier le camping au centre ville et à la gare. Aux Sables d’Olonne, c’est aussi le cas du camping Puits Rochais qui est desservi par un bus le reliant à la gare.
Ces solutions sont louables mais on a quand même notre préféré. Pour Loopi, pas de suspens, la meilleure solution pour faire le dernier kilomètre, c’est l’usage du vélo privatif.
Mais même si cette solution reste une des moins polluantes, elle fait aussi partie des plus contraignantes. Pédaler à vélo pour découvrir des territoires c’est simple, transporter son vélo dans les transports en commun ça l’est beaucoup moins.
Heureusement, de plus en plus de transports et de destinations se saisissent du problème et offrent des solutions et des infrastructures pour simplifier le voyage à vélo. On voit notamment émerger des parkings dédiés aux vélos aux abords des gares. C’est le cas à Gare du Nord à Paris où on a vu il y a quelques temps s’implanter le plus grand parking vélos de France. D’une capacité de plus de 1000 places, il accueille les usagers qui souhaitent emprunter les transports en commun grâce à une piste cyclable dédiée et un accès direct à la gare. Et si vous préférez embarquer votre vélo dans le train, on vous conseille d’aller jeter un œil au guide publié par Les Others sur le voyage en train avec un vélo.
Une fois arrivé à destination, ça peut aussi coincer. Tous les hébergements ne sont pas nécessairement équipés d’un accueil adapté pour les vélos. Mais là aussi, on est sur la bonne voie, puisqu’on voit apparaître des infrastructures dédiées. C’est le cas par exemple de Cyclocamp porté par Célian Cayzac qui souhaite proposer des espaces d’accueil multi services à destination des cyclotouristes sur les territoires. Son premier module a vu le jour cet été au sein du camping Le Soleil à La Rochelle pour accueillir les voyageurs à vélo.
Revenons rapidement aux solutions digitales pour accompagner les usagers dans ce dernier kilomètre. Pour le moment, une seule tient vraiment la route (vous avez saisi le jeu de mot ?) : le MaaS.
Rendant le voyageur autonome dans sa propre optimisation du trajet, le MaaS permet d’accompagner les usagers tout au long du trajet, y compris pour cette dernière portion problématique. C’est pourquoi nous développons le MaaS touristique, pour que cet accompagnement se poursuive même en vacances.
*https://www.quotidiendutourisme.com/actualite/e-tourisme/les-enjeux-du-dernier-kilometre-dans-la-mobilite-touristique-557218.php ; Quotidien du tourisme ; « Les enjeux du dernier kilomètre dans la mobilité touristique »